Le pasteur François Bergouignan prend le relai pour l’animation de l’émission Échos protestants. Nous en profitons pour parler de mon travail doctoral sur politique et liberté au sein des récits d’instauration de la royauté israélite (1 S 8 – 1 R 12) publié au Cerf sous le titre La liberté et les premiers rois d’Israël.
Il y est question de la rédaction des textes bibliques, de leur rapport à l’histoire, à la vérité, au sens de la vie.
La lecture de ces textes révèle l’illusion d’une souveraineté populaire qui serait l’assurance de faire les meilleurs choix politiques (le peuple, comme un seul homme, décide de maintenir sa demande d’un roi, ce qui conduira à sa perte). Cette souveraineté populaire qui conduirait le peuple à se prononcer sur tous les sujets, à prendre toutes les décisions, ruinerait notamment le bénéfice de la distinction des pouvoirs opérée dans le Deutéronome, en réaction à la centralisation du pouvoir exercée avant l’exil.
Ces textes tracent une topographie du champ politique en repérant les comportements qui confinent à la tyrannie (chez Salomon), à la soumission au pouvoir du plus fort (chez Saül) et les attitudes qui font valoir un point de vue universel, le point de vue théologique, qui favorise l’intérêt général (chez David). Le phénomène de cour y est exposé, ce que l’institution de l’opposition permet de neutraliser.
On y découvre la nécessité d’éduquer des consciences individuelles qui seront en mesure d’être les véritables contre-pouvoir qui limitent les dérives. C’est la responsabilité individuelle qui est en mesure de sauver quelque chose de la liberté.
Au fil de mon ouvrage, nous découvrons de quelles manières les rédacteurs bibliques ont pensé la question de la souveraineté de Dieu, de la rationalité dans la conduite des affaires publiques, de la justice sociale d’une manière qui anticipe le principe politique du voile d’ignorance, du devoir de désobéissance civique, de la liberté de mouvement et d’expression qui rendent possible la liberté de pensée, du rapport de la sécurité à la liberté, de la place de la loi dans l’élaboration de liberté.
La liberté vient en tête du champ lexical du rédacteur qui pense le décalogue. La loi est alors comprise comme un moyen d’inscrire la liberté dans le temps, pourvu qu’elle ne devienne pas un moyen de brider les libertés individuelles en créant un état policier.
Et maintenant, à François Bergouignan de vous donner rendez-vous chaque mois sur RCF pour un écho protestant.