A l’occasion d’une exposition du 16 au 28 septembre au temple de Maguelone à Montpellier, je reçois Michel Miaille, professeur honoraire de droit et de science politique, pour parcourir avec lui l’histoire de la laïcité et comprendre son application aujourd’hui.
La laïcité arrive tardivement dans notre vocabulaire car, pendant des siècles, la France a vécu sans laïcité, sans liberté individuelle ni collective au sens contemporain. L’Eglise catholique soutenait l’Etat et l’Etat soutenait l’Eglise catholique.
Un premier pas vers la liberté eut lieu par les Réformes religieuses du XVIè qui commencèrent à inscrire le pluralisme dans le paysage religieux. Toutefois, il serait faux de considérer l’Edit de Nantes de 1598 comme le point de départ de la laïcité. C’est à la Révolution française que le pasteur Rabaut Saint-Etienne fait voter le principe de liberté d’opinion et de culte dans l’article X de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et non le principe de tolérance comme certains le souhaitaient.
La loi de 1905 qui est à la base de la laïcité en France, instaure une véritable liberté religieuse et non une interdiction de la religion dans l’espace publique. Les cultes sont considérés comme les activités privées librement organisées : la République instaure une neutralité à l’égard des cultes.
Aujourd’hui, la constitution de la République française déclare la République indivisible, laïque, démocratique et sociale – ce qui instaure l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de religion. Elle respecte toutes les croyances.
En 2001 la charte des droits et libertés a stipulé en son article 10 que toute personne a droit à la liberté d’expression, de conscience et de religion, ainsi que la liberté de manifester sa religion individuellement ou collectivement, en privé ou en public.
En 2012 le traité de Lisbonne précise, à l’article 16c que l’Union européenne respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, Églises et associations religieuses dans les États membres.
Selon Michel Miaille, la société française a connu trois paradigmes successifs. Jusqu’à la Révolution française, c’est la tolérance qui est structurante : il y a une vérité en dépôt dans l’Eglise qui tolère la présence d’autres opinions temporairement (c’est ce que prévoit l’Edit de Nantes, par exemple). En août 1789 le pasteur Rabaut Saint-Etienne obtient que la liberté soit inscrite dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen – espérant qu’on n’utilisera plus jamais le mot de tolérance qui laisse entendre que les dissidences sont des crimes. A partir de 1905, le nouveau paradigme est la laïcité qui permet aux cultes une véritable liberté pourvu que l’ordre public soit respecté.
Il en ressort trois enjeux pour notre époque : religieux, politique et européen, que Michel Miaille développe dans la seconde partie de sa conférence Histoire et enjeux de la laïcité.
L’exposition sur la laïcité est visible au temple, 25 rue de Maguelone – Montpellier, du lundi 16 au samedi 28 septembre, tous les jours de 12h à 18h sauf les dimanches. Entrée libre
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