Elian Cuvillier présente son nouvel ouvrage dans Échos protestants, une émission de RCF Maguelone Hérault
Le professeur Élian Cuvillier, qui a enseigné de nombreuses année le Nouveau Testament à la faculté de théologie protestante de Montpellier avant de devenir enseignant en théologie pratique, nous propose un ouvrage pratique pour découvrir des passages bibliques avec lesquels nous avons du mal. Il y a, parfois, des textes devenus inaudibles – des textes où il est difficile d’entendre l’Évangile, une Bonne Nouvelle. Quelques textes pourraient même donner le sentiment d’être porteurs d’un « dysangile » (mauvaise nouvelle).
Pour nous aider à lire le Nouveau Testament, Élian Cuvillier nous fait redécouvrir cinq passages d’Évangile, cinq passages dans les lettres de Paul, un dans la lettre de Jacques et deux dans l’Apocalypse. Son propos est d’être au plus près de la lettre (p. 11), sans devenir pour autant littéraliste. Pour lui, interpréter un texte ce n’est pas seulement trouver le sens du texte, mais découvrir les sens possibles : du sens en excès par rapport aux lectures habituelles (p. 175).
Il ne livre pas de méthode pour trouver les bons sens possibles. Il n’est pas non plus possible de programmer le moment où on va trouver un sens nouveau. Mais il aide à hâter ce moment de l’interprétation qui innove. Reprenant le propos de Derrida selon lequel l’interprétation c’est plus d’une lecture (p. 177), Cuvillier comprend qu’il s’agit de refuser la lecture traditionnelle (plus de cette lecture-là) et d’envisager qu’il y ait d’autres lectures (plus d’une seule lecture et donc une ouverture de sens). Cela est possible lorsqu’on se place au pied de la lettre et qu’on ne néglige aucun détail. Cela revient alors à retourner à la lecture traditionnelle et à entendre plus que ce qu’elle dit.
À quoi bon lire la Bible ?
Pour y découvrir des paroles structurantes dans quatre domaines :
- L’être humain ne se fonde pas lui-même
- Limitation de la tentation de l’illimité
- C’est l’altérité et non le fusionnel qui permet l’épanouissement de l’être humain
- Proclamation de l’anti-destin
Élian Cuvillier observe cela dans l’épisode de Matthieu 15/21-28 où Jésus assimile une femme étrangère à un petit chien ; quand il est annoncé que tous les blasphèmes seront pardonnés, mais pas le péché contre le Saint-Esprit ; dans le plagiat par anticipation qu’on observe en Jn 20/30-31 et Jn 21/25 sur le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi ; dans cette série de formules étonnantes « vivre comme non » (plutôt que « faire comme si ») en 1 Corinthiens 7/29-31 ; le salut par la maternité en 1 Timothée 2/15 ; l’urgence supposée en Apocalypse 1/1,3 ; la fausse opposition entre Paul et Jacques entre la foi et les œuvres (Jacques 2/14-16) – ce qui permet de rappeler non seulement une opposition à une théologie du mérite, mais aussi une théologie de la bonne phrase, du slogan qui ne produirait aucun acte, qui n’engagerait pas à aimer son prochain.
Par ailleurs, Élian Cuvillier mène également l’enquête pour savoir ce qu’écrit Jésus, la seule fois où il est indiqué qu’il écrit, et cela à deux reprises (Jean 8/6-8). Si Paul peut nous être d’une aide précieuse pour imaginer ce qui a été inscrit par Jésus, il est utile, également, de rejoindre la lettre du texte grec, ce que l’auteur est bien placé pour faire. Cela permet de découvrir un Jésus qui rejoint la femme dans sa blessure et la protège de ses agresseurs.
Ce livre nous incite à entreprendre, nous-mêmes, la traversée de ces textes apparemment difficiles. Ils s’avèrent riches d’enseignements précieux.
Elian Cuvillier, Au pied de la lettre. Ces textes bibliques qui nous résistent, Genève, Labor et Fides, 2023.
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En complément : »Nouveaux regards sur l’Ancien Testament » dans lequel Elian Cuvillier signe un texte https://www.editions-olivetan.com/coll-theologies/1160-nouveaux-regards-sur-l-ancien-testament.html