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Jean 1/1-18
1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement avec Dieu. 3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n ‘a été fait sans elle. 4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. 5 La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l ‘ont point reçue. 6 Il y eut un homme envoyé de Dieu: son nom était Jean. 7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8 Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. 9 Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l ‘a point connue. 11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l ‘ont point reçue. 12 Mais à tous ceux qui l ‘ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, 13 lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. 14 Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié: C ‘est celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi m ‘a précédé, car il était avant moi. 16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce; 17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus -Christ. 18 Personne n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.
Résumé de la prédication
Chers frères et sœurs, si nous sommes en 2022 pour encore quelques jours, c’est grâce à ce texte biblique. Ce n’est pas grâce au récit de Matthieu avec les mages, ni au récit de Luc avec les bergers, mais grâce à ce texte qui début l’évangile de Jean. Bien entendu, si nos calendriers se sont modifiés pour commencer à la naissance de Jésus, c’est en raison de la naissance de Jésus et de ce qu’il a représenté pour ceux qui avaient le pouvoir de changer les calendriers. Ceci étant dit, si nous devions trouver un texte biblique qui explique la nécessité de changer de calendrier, c’est ce texte biblique que je choisirais parce qu’il nous dit en quoi la venue au monde de Jésus change les choses, bien mieux que les récits tout mignons de Matthieu et de Luc.
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une nouvelle civilisation
Changer de calendrier, repartir à zéro, c’est considérer que ce qui vient d’arriver change la donne, que rien ne sera plus comme avant. Changer de calendrier, c’est décider qu’un événement est suffisamment important pour qu’il soit fondateur de ce que nous pouvons nommer une nouvelle civilisation. Noël, c’est la naissance d’une nouvelle humanité et donc d’une nouvelle société.
Une telle chose s’était déjà produite dans la Bible, au moment de la sortie d’Égypte. Le fait de ne plus considérer comme normal d’être esclave et de ne pas pouvoir décider de ce qu’on fera de sa propre vie, le fait de devenir libre, donc, avait été célébré dans le livre de l’Exode par l’instauration d’un nouveau calendrier (Exode 12/1-2). La sortie d’Égypte marque désormais le premier mois de l’année. Et pour inscrire cette liberté au cœur de la société, Moïse a transmis la loi, ce qui est le moyen par lequel une société peut garantir les libertés individuelles et la liberté politique.
Le fait que la Jésus soit considéré comme un événement fondateur se remarque par le fait que le début de ce texte de Jean reprend le début du texte de la Genèse et du grand récit de la création qui, en grec, débute par la même expression : « en archè ». « Archè » c’est un mot qui dit le fondement de quelque chose. C’est un mot pour dire qu’une fondation est posée pour que la suite de l’histoire puisse advenir. La venue au monde de Jésus est une nouvelle étape de la création.
Noël révèle qu’il est possible de ne passer rester enfermé dans les ténèbres ; il est possible de saisir ce qui éclaire la vie, ce qui la rend plus compréhensible et plus lumineuse. Alors que le monde est naturellement dominé par le mal, par le désordre qui rend tant de choses chaotiques, il est possible de saisir des rais de lumière. Avec Noël, nous découvrons que la vie peut changer. Il n’y a plus de raison de se contenter d’une vie triste ou sombre. Il est possible de désirer une vie lumineuse, une vie marquée par la plénitude et par la grâce (1/16). Nous n’avons pas à nous résigner d’une vie en demi-teinte, d’une vie insatisfaisante. Les plaintes des psaumes sont légitimes. Les cris du peuple hébreu sont légitimes. Les appels des laissés pour compte seront légitimes pour Jésus. Les élans des invisibles seront honorés par Jésus.
Noël, c’est l’avènement d’un être nouveau qui saisit les opportunités, qui saisit ce qui vient de Dieu, ces occasions de grâce qui métamorphosent la vie en changeant le regard qu’on porte sur la vie, sur le monde. Saisir la lumière de Noël, c’est saisir ce qu’elle désigne : la parole de Dieu.
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La parole, élément fondamental de l’humanité
Ce qui est fondamental, pour qu’un être soit humain, c’est la parole. La parole était auprès de Dieu, la parole était Dieu, elle était toute orientée vers Dieu. Et l’évangéliste continue en disant que tout a été fait par elle, ce qui est vrai dans le récit de la création de Genèse 1, ce qui est vrai chaque jour de notre vie. C’est par la parole que nous devenons chaque jour un peu plus humain. Les paroles divines sont ces paroles qui nous font sortir de l’obscurité, ce que les théologiens appellent les ténèbres. Les paroles qui nous aident à y voir plus clair dans notre vie et qui nous aident à découvrir la vie sous ses multiples aspects, ce sont des paroles divines.
On peut dire que la parole de Dieu est une lumière qui éclaire le monde comme le font des explications qui éclairent un sujet. Quand on commence à distinguer les choses les unes des autres, quand on distingue la mer de la terre ferme, quand on distingue le jour de la nuit, quand on distingue le sucré du salé, l’horizontal du vertical etc. tout devient plus clair. La parole nous permet de mieux comprendre notre environnement et donc de ne plus en être les esclaves.
La parole est ce qui nous donne une identité. C’est le cas lorsque nous recevons un prénom qui indique que nous sommes un être à part entière. Quelqu’un nous adresse une parole et nous commençons à exister. Si cette parole raconte notre histoire, alors nous trouvons notre place dans le grand réseau des relations interpersonnelles et, si nous faisons confiance aux paroles divines, alors nous prenons notre place dans l’histoire de l’humanité et nous devenons, nous aussi, fils ou fille de Dieu.
La parole est ce qui donne du sens à la vie en donnant une fonction à chaque chose, en donnant une vocation à chaque être. De même que le soleil est la lune ont notamment pour fonction de ponctuer les journées, le pain a pour fonction de nourrir les corps et le vin a pour fonction de réjouir le cœur des humains, et nous-mêmes, des paroles nous sont adressées qui, lorsque nous les saisissons, deviennent un appel à accomplir l’espérance de Dieu. Quand nous faisons bon accueil à une parole divine, quand nous en faisons quelque chose, alors elle s’incarne en nous, elle devient chair, pour reprendre l’expression de l’évangéliste Jean (1/14). Et le monde change. L’histoire se divinise par notre manière d’incarner la parole de Dieu.
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Portée universelle
Si la venue au monde de Jésus est un événement digne de constituer le départ d’un nouveau calendrier, c’est aussi parce qu’elle a une portée universelle. La vie de Jésus a largement débordé le judaïsme de son époque. La vie de Jésus déborde largement au-delà du christianisme. C’est du monde entier dont il est question dans ce texte, pas simplement d’une population particulière ou d’une communauté particulière. C’est au monde que la parole de Dieu s’adresse ; c’est le monde entier qu’elle peut illuminer. Le christianisme a la responsabilité de la rendre disponible pour le monde entier, mais il n’en a pas l’exclusivité.
La promesse de Noël concerne tout le monde, pas seulement ceux qui sont déjà chrétien – preuve en est qu’à l’époque de Jésus personne ne l’était. La parole qui éclaire toute chose est venue dans le monde, pour le monde entier et pas pour quelques uns seulement.
Dire que la portée de Noël est universelle, c’est dire aussi que Noël concerne l’ensemble de notre vie, et pas uniquement ce qui se passe au temple. Noël, ce n’est pas une parenthèse enchantée pour tromper l’hiver de même que la religion chrétienne n’est pas seulement précieuse pour nous aider à surmonter les moments difficiles. C’est l’ensemble de notre vie qui est impactée par Noël. Ce n’est pas une nouvelle religion que Jésus révèle, mais bien une nouvelle civilisation qui sera empreinte de grâce et de plénitude (1/16). Ce sont nos relations sociales qui sont appelées à incarner la grâce. Ce sont nos relations familiales qui sont appelées à être empreintes de grâce. Ce sont nos décisions du quotidien qui sont appelées à incarner la grâce. En toutes choses, en toutes circonstances, nous sommes appelés à vivre grâce pour grâce. Et c’est ainsi que le monde sera moins ténébreux.
Amen