confession de foi des remonstrants

La Réforme protestante du XVIè se fonde sur l’aspect central de la grâce aussi bien pour le salut que pour la vie quotidienne, les deux pouvant être liés, selon les théologiens. Deux tendances émergent au XVIIè. L’une de ces tendances estime que la grâce est une action libre de Dieu qui ne dépend nullement des êtres humains (ni de leurs œuvres, ni de leur caractère, ni de leur naissance). Cette liberté de Dieu implique un libre choix de Dieu concernant ceux qui seront au bénéfice de la bienveillance divine. il en résulte que les uns sont prédestinés au salut alors que les autres sont prédestinés à la perdition. Cette position théologique sera formalisée lors du synode de Dordrecht (1618-1619) aux Pays-Bas – ce qu’on appelle les canons de Dordrecht.

Simon Episcopius (1583-1643) chef de la délégation des remonstrants au synode de Dordrecht .1743

A ce synode, l’autre courant théologique sera sommé de s’expliquer sur sa position théologique alternative. En effet, d’autres théologiens considèrent que Dieu veut le salut de tous et qu’il appartient à chacun de faire bon accueil à l’amour divin qui sauve chacun du non-être, de l’absence de sens. Dans ce courant théologique, des pasteurs avaient rédigé une « remonstrance » en 1610 pour argumenter en faveur de leur vue théologique. On les appelle les « remonstrants ». Ils seront condamnés par ce synode qui instituera un clivage au sein du protestantisme qui perdurent aujourd’hui dans le christianisme.

En 1630 les remonstrants seront tolérés et se constitueront en une fraternité marquée par l’esprit critique et la pluralité des convictions qui dénotent un réel esprit d’ouverture à l’autre. Ils vont composer une confession de foi en réaction aux canons de Dordrecht qu’ils entendent ainsi corriger. Elle sera réécrite à plusieurs reprises, tout d’abord en 1940 en une version plus courte destinée à s’opposer au National Socialisme, puis en 2006 avec une version qui commence par la prise au sérieux de l’expérience humaine qui est le point de départ de ce texte :

Nous comprenons et acceptons que la paix de l’âme ne se trouve pas dans la confession de certitudes, mais dans l’émerveillement devant ce qui nous arrive et nous est donné.

Nous comprenons et acceptons que la vocation de l’homme n’est point l’indifférence et la cupidité, mais l’attention pour l’autre et la solidarité entre toutes les créatures.

Nous comprenons et acceptons que l’existence de l’homme ne s’accomplit pas grâce à ce qu’il est ou à ce qu’il possède, mais grâce à ce qui est infiniment plus grand que ce qui peut se concevoir.

Fidèles à cette vision, nous croyons en l’Esprit de Dieu qui surpasse toutes les divisions humaines et fait tendre l’homme vers ce qui est sacré et bon, afin que, dans le chant et le silence, la prière et l’action, il honore et serve Dieu.

Nous croyons en Jésus, un homme rempli de l’Esprit de Dieu, visage de Dieu qui nous regarde et nous dérange. Son amour pour l’homme l’a mené à la croix, mais il est vivant, au-delà de sa propre mort et de la nôtre. Exemple sacré de sagesse et de courage, il nous rapproche de l’éternel amour de Dieu.

Nous croyons en Dieu, l’Éternel, amour insondable et fondement de notre existence, lui qui nous montre le chemin de la liberté et de la justice, et nous invite à un avenir de paix. Nous croyons que nous-mêmes, faibles et faillibles comme nous sommes, sommes appelés à constituer l’Église, signe d’espérance en union avec le Christ et avec tous ceux qui croient.

Car nous croyons en l’avenir du monde et de Dieu, en cette patience divine qui nous offre le temps de vivre, de mourir et de ressusciter dans le Royaume présent et à venir, où Dieu sera pour l’éternité tout en tous.

A Dieu louange et honneur, maintenant et pour l’éternité.

Amen

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