Les béatitudes – guérir du malheur

J’explore le texte des béatitudes selon l’évangéliste Luc (6/17,20-26) au micro de Béatrice Soltner sur RCF

Le sermon dans la plaine (et non sur la colline, selon l’évangéliste Matthieu) après être descendu de la montagne, à l’image de Moïse descendant du Sinaï.

Jésus entreprend un exode du malheur pour nous guérir du malheur. Il ne s’agit pas de coincer les personnes dans leur état. Par exemple Luc parle des pauvres au sens matériel du terme. Ce sont des personnes qui ne sont pas repues, par opposition aux riches qui ont déjà leur consolation, qui sont déjà satisfait. Le royaume de Dieu est à ceux qui ont faim d’un autre ordre du monde que celui que nous connaissons et qui n’offre pas la plénitude de la justice, de la liberté, de la paix que nous sommes en droit d’espérer – maintenant et pas après notre mort.

Ces  béatitudes disent l’importance du creux, du manque, pour qu’il y ait un appel d’air, pour qu’advienne ce qui est infiniment plus vivable, ce qu’est une vie bonne. Elles disent aussi la possibilité de répondre aux situations de misère : nous avons les moyens d’exercer notre responsabilité pour

Pleurer est un signe d’humanité, le signe que nous ne sommes pas indifférents à ce qui se passe autour de nous – c’est le cas de l’une des femmes dans l’épisode du jugement de Salomon ( 1 Rois). Pleurer est la qualité de l’homme révolté. Les pleurs sont aussi le signe que la grâce divine fraie son chemin dans notre vie.

Les béatitudes concernent aussi notre compréhension de la justice, notre manière de faire justice. Elles nous invitent à ne pas céder à la tentation d’une justice partiale pour obtenir des faveurs en échanges, par intérêt personnel.

Ces paroles nous rendent libres à l’égard des idoles que nous servons aveuglément, tous ces aspects de la vie que nous absolutisons alors qu’ils ne sont que des réalités secondes.

 

Les malheurs dont parle l’évangéliste Luc ne sont pas à comprendre comme des pratiques vaudou qui permettraient de jeter un sort sur quelqu’un, mais comme des constats de situations qui conduisent au malheur, à la fin de l’histoire – « this is the end« .

Prendre conscience de ce qui provoque insidieusement notre malheur, c’est être en mesure de s’en libérer. Par exemple se libérer de l’avidité. Se libérer de l’illusion d’être aimé par tous les hommes – ce qui serait un régime totalitaire de la relation à l’autre et, finalement, l’abolition des relations interpersonnelles.

Les béatitudes fonctionnent comme un cartographie de l’existence pour que nous puissions nous repérer plus facilement par rapport à ce qui nous arrive. En ce sens Jésus n’est pas un  coach qui nous donnerait des trucs pour réussir dans la vie, mais qui nous révèle ce qui est essentiel pour être… humain.

 

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