Après Kfar Aza, Gaza et Arras, endiguons la spirale de la violence

Nous ne pouvons pas nous contenter d’assister avec effroi à l’enclenchement d’un scénario catastrophe.

L’histoire d’Abel et Caïn, dans le livre biblique de la Genèse au chapitre 4, expose l’enchaînement infernal du ressentiment de Caïn envers son frère Abel. Caïn est irrité contre son frère et, faute de pouvoir en parler, il le tue. La voix du sang d’Abel se met alors à crier du sol jusqu’à Dieu.

Dieu intervient en interrogeant Caïn sur ce qui s’est passé. Caïn fait l’innocent et demande s’il est responsable de son frère. Dieu pose alors un signe sur Caïn, pour le protéger de la logique de vengeance qui entraînerait aussitôt la spirale infernale de la violence – les amis d’Abel voudraient le venger et tuerait Caïn, puis les amis de Caïn feraient pareil jusqu’à ce que cette vendetta ait éliminé tout le monde.

Endiguer la violence, c’est déjà entendre la voix du sang d’Abel, quel que soit le nom qu’il porte aujourd’hui, où qu’il habite, quel que soit son visage. C’est pleurer chaque mort, sans exception. En Israël, en Palestine, à Arras. L’amour de Dieu signifie la dignité de tous, sans condition. Chacun reste un humain, quoi qu’il ait subi.

Poser des signes qui protègent

Endiguer la violence, c’est également faire valoir la justice et non la vengeance. C’est parce que chacun reste un humain, quoi qu’il ait fait, que la justice est possible. Cette justice, dans le livre de la Genèse, consiste à identifier les victimes et à identifier les criminels, à les nommer. Elle ouvre ensuite sur une démarche de rédemption et non de châtiment.

Ne pas agir ainsi, c’est se condamner à vivre sur une terre maudite parce qu’elle devient aussitôt le théâtre de la guerre de tous contre tous, en permanence.

Dieu pose un signe sur Caïn pour le protéger et c’est en ce sens que Dieu est grand.

À nous aussi de continuer à considérer l’humanité de chacun, quelle que soit sa nation, quelle que soit sa confession, quels que soient ses agissements.