Au micro de Béatrice Soltner, sur RCF, pour découvrir ce que nous révèle la polémique entre Jésus et les pharisiens au sujet de l’impôt.
« Nous sommes à Jérusalem, le lieu de toutes les tensions qui vont converger vers l’arrestation et la mise à mort de Jésus. On essaie de le piéger et de le prendre en flagrant délit. C’est vraiment l’orchestration d’un complot des Pharisiens et des Hérodiens, qui soutiennent l’occupant romain. C’est une sorte de piège à double contrainte. Soit il dit qu’il faut payer l’impôt à César et dans ce cas-là, c’est un mauvais Juif et un collaborateur. Soit il dit qu’il ne faut pas payer l’impôt et dans ce cas-là c’est un révolté qui mérite de finir en geôle parce qu’il s’oppose au pouvoir romain ».
Il est entraîné sur un plan politique. C’est un point qu’il nous faut garder à l’esprit quand on se demande si pour les Théologiens, il faut se positionner sur le plan civil et politique. Est-ce que la foi, c’est simplement privé ou c’est pour tout le monde ? Ici, nous sommes sur l’espace public. «
Sortir d’une logique binaire
Alors qu’on est dans une logique binaire, Jésus va créer une transcendance pour se mettre au dessus de la mêlée. Jésus leur renvoie la situation, en leur demandant de montrer cette pièce. Ils ne peuvent plus plaider l’innocence, ils sont conscients d’avoir sur eux l’objet du délit et leur donne l’occasion de révéler eux-même leur véritable hypocrisie. Il les sort de leur déni.
Il y a une sorte de correction fraternelle.
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu
La question de rendre se réfère plutôt à la logique du don. On a reçu quelque-chose et on ne peut pas le garder pour soi. On ne va pas rendre à Dieu l’identique de ce qu’il nous a donné mais César, on va lui rendre exactement ce qu’il nous a donné. Du côté de Dieu, il va falloir inventer ce que nous sommes capables de lui offrir. On est dans la catégorie du vivant et de la création.
On constate que Jésus s’en sort en injectant cette transcendance, ce divin dans ce dialogue qui était destiné en fait à causer sa mort.
« Bien souvent, nos églises ont tendance à s’occuper plus de César que de Dieu, beaucoup d’intendance et finalement peu de théologie. Ce qui est intéressant ici, c’est que Jésus remet de la théologie dans des vies paroissiales », souligne James Woody.
De l’importance de concilier le spirituel et le temporel
Il y a, dit-il, trois façons de comprendre cette phrase :
1) une sorte de désintérêt de Jésus pour les questions financières. L’important est ailleurs. Ne préoccupez pas de l’intendance, l’intendance suivra. Quand on a un bon projet, les moyens suivent !
2) un propos anti zélote. Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas payer l’impôt.
3) il y a des choses qui relèvent de César, du pouvoir temporel et politique et des choses qui relèvent de Dieu. Jésus est en train de coordonner le spirituel et le temporel.
C’est un texte sur la liberté contre le pouvoir, cette liberté de réflexion, de pouvoir exprimer sa propre vérité, sans se préoccuper des personnes. On peut trouver là l’occasion pour nous d’être plus libres dans la vie.
C’est extraordinaire, je viens juste d’entendre cet après midi une émission à ce propos, si ce n’est la même sur radio Mario No Te Hau. Effetivement, « il faut rendre à César ce qui est à César », tout est dans la nuance, l’argent est à lui, mais la divinité est à Dieu.