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Prédication à deux voix :
Écouter la prédication de François Bergouignan : « Noël selon Luc » – télécharger
Luc 2/1-20
1 En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. 2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. 3 Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville. 4 Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, 5 afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 6 Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, 7 et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu ‘il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. 8 Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. 9 Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. 10 Mais l’ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie: 11 c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. 12 Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche. 13 Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant: 14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée ! 15 Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu’à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. 16 Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. 17 Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant. 18 Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce que leur disaient les bergers. 19 Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. 20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé.
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Écouter la prédication de James Woody : « Noël selon Matthieu » – télécharger
Matthieu 2/1-12
1 Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d ‘Orient arrivèrent à Jérusalem, 2 et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l ‘adorer. 3 Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ. 5 Ils lui dirent: À Bethléhem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète: 6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple. 7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. 8 Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer. 9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu ‘ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. 10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l ‘adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Le Nouveau Testament commence de la même manière que la Bible hébraïque : en ouvrant la perspective, en l’élargissant à l’universel. En effet, le récit de la création le plus ancien que nous ayons dans la Bible est Genèse 2, qui se focalise sur un territoire particulier, dans le croissant fertile, dans l’environnement auquel les lecteurs de l’époque étaient habitués. Puis fut ajouté Genèse 1, avec cette grande vision universelle, cosmique. Il en va de même ici. Après avoir entendu le récit de Noël dans l’Évangile de Luc qui place tout dans la même contrée, nous comprenons que Matthieu ouvre la perspective. Il élargit considérablement la portée de cet épisode. Avec Matthieu, tout s’ouvre, et son récit de Noël est le récit de la grande ouverture.
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Ouverture géographique
C’est d’abord la géographie qui est ouverte. L’histoire du salut n’est pas réservée aux habitants de Juda. Elle n’est pas seulement pour le peuple dont parlaient les anges. L’histoire du salut incarnée par Jésus a une portée universelle. Nul n’est plus étranger au salut de Dieu, dit l’évangéliste Matthieu. Tout le monde est concerné par la vie que promet l’Évangile. Il n’y a plus ceux du dedans et ceux du dehors. Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs. L’étoile qui avait été annoncée autrefois par Balaam, un non israélite, comme un signe sortant de la tribu de Juda (Nb 24/17) devient le symbole d’une perspective élargie au-delà des frontières. Les astres ne se préoccupent pas des frontières politiques ou terrestres. De même qu’une étoile est visible pour tous, même pour des personnes séparées par une frontière que certains voudraient étanche, de même qu’elle peut être un point de repère pour tout le monde, Matthieu indique que l’Évangile qui s’incarne dans l’histoire humaine n’est pas réservé à une population particulière. Il y a de la transcendance. Le salut est notre Bien commun.
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Ouverture sociale
La deuxième ouverture que propose ce texte, c’est une ouverture sociale. Le salut n’est plus seulement l’affaire des spécialistes. Le salut n’est plus seulement la question des professionnels de la religion qu’étaient à l’époque les sacrificateurs et les scribes. Matthieu constate que les théologiens officiels n’ont rien vu venir. Ils avaient à leur disposition les mêmes signes que les mages, mais les professionnels de la religion n’ont rien repéré. Le Messie était en train de se lever et eux étaient affairés à leurs tâches quotidiennes. Ce sont des mages, des scientifiques, qui ont repéré le signe et qui ont commencé à l’interpréter. Ils l’ont interprété avec leur propre science qui était insuffisante pour tout comprendre, mais ils ont mis à profit ce qu’ils savaient.
Sans la science des mages, les théologiens de l’époque n’auraient pas su ce qui arrivait. Et sans la science des théologiens, les mages n’auraient pas réussi à trouver le sens de ce qu’ils avaient repéré. Nous voyons bien, d’ailleurs, que l’étoile n’est qu’un signe et non un soleil au sens physique du terme, puisque qu’après avoir consulté les théologiens de service pour savoir où aller c’est encore l’étoile qui les guide. Autrement dit, l’étoile n’est pas un point lumineux qui se promène jusqu’à la destination. C’est une image, une métaphore des signes disponibles pour guider notre route. C’est un symbole, une image qui rassemble plusieurs éléments qui donnent du sens à un événement. Ici la science et la théologie se joignent pour trouver le sens du salut. Une autre fois la coopération sera avec l’architecture, avec les arts, avec la politique, avec le droit… [publicité pour les 150 ans de Maguelone]. La théologie, lorsqu’elle est enfermée dans ses certitudes devient myope. Elle ne reconnaît que ce qu’elle connaît déjà – et alors elle tourne en rond. Et les autres disciplines, livrées à elles-mêmes, peuvent faire des découvertes décisives, mais qui pourraient ne pas être portées à leur plénitudes parce qu’elles sont gardées jalousement au sein d’une communauté étroite qui n’est pas en mesure de donner du sens.
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Ouverture personnelle
La troisième chose que Matthieu ouvre, c’est le trésor des mages. Le terme grec est tout à fait significatif. Les mages ouvrent leurs thésaurus, ce qu’ils ont thésaurisé, ce qu’ils ont accumulé et gardé jusque là. Ce texte exprime parfaitement l’idée que nous retrouvons dans plusieurs passages de la Bible : il ne faut pas thésauriser car ce que l’on garde pour soi est perdu. Ici les cadeaux ont aussi un sens métaphorique : l’or pour la royauté, l’encens utilisé au temple de Jérusalem pour la spiritualité, la myrrhe qui permet de prendre soin des corps pour désigner l’humanité. La royauté gardée pour soi devient un pouvoir, une tyrannie. La spiritualité gardée pour soi devient un intégrisme, une autre tyrannie. L’humanité gardée pour soi (que nous n’interrogeons jamais avec de l’altérité) devient une bestialité, une autre forme de tyrannie.
Noël est donc l’histoire d’une ouverture qui nous préserve du risque de tyrannie. C’est un sens que l’évangéliste Matthieu donne à la venue au monde du Christ Jésus : Noël annonce que le Christ ouvre les frontières : nul ne saurait être exclu du salut divin. Cela a une conséquence très concrète : cela signifie que, dans une perspective chrétienne, il n’est plus question de faire bon accueil aux étrangers car, nul n’est plus regardé comme un étranger. Noël annonce que le Christ ouvre les catégories sociales qui compartimentent les savoirs en zones étanches : c’est dans le dialogue des cultures que nous accédons à la plénitude de la vie. Noël annonce que le Christ ouvre la thésaurisation : ouvrir ses trésors personnels, c’est rendre disponible ce que l’on a pour que la vie ne soit pas étriquée, repliée sur elle-même comme Caïn, mais qu’elle soit menée dans l’étendue de la création divine.
J’aimerais finir par une ouverture assez radicale au regard de l’histoire de notre religion. J’aimerais finir par une citation de Dominique, le fondateur de l’ordre des Dominicains – qui furent très efficace en matière d’inquisition. J’avais ce matin une conversation avec le frère Hervé Ponsot, de la communauté de Montpellier et il me disait que l’espérance chrétienne n’a rien à voir avec l’espoir – ce que je vous dis bien souvent : l’espoir est lié à des choses incertaines alors que l’espérance se fonde sur la certitude de ce que le Christ a promis et réalisé. Il me parlait de Pâques, nous pourrions tout aussi bien parler de Noël. Noël, c’est le récit de toutes ces ouvertures qui rendent notre vie infiniment plus grande que ce que nous pouvons penser ou rêver. Voici donc cette citation que le frère Hervé comme un cadeau de Noël que je partage avec vous, manière d’ouvrir mon thésaurus… Dominique disait à ses frères : « allons donc de l’avant et pensons à notre Sauveur » – pour prendre conscience de toutes les ouvertures qu’il nous rend capables d’accomplir.
Amen