la spiritualité de l’avent : choc de simplification et choc de facilitation


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Esaïe 40/1-9

1 Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu. 2 Parlez au cœur de Jérusalem, et criez lui Que sa servitude est finie, Que son iniquité est expiée, Qu’elle a reçu de la main de l’Éternel Au double de tous ses péchés. 3 Une voix crie: Préparez au désert le chemin de l’Éternel, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu. 4 Que toute vallée soit exhaussée, Que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que les coteaux se changent en plaines, Et les défilés étroits en vallons ! 5 Alors la gloire de l’Éternel sera révélée, Et au même instant toute chair la verra; Car la bouche de l’Éternel a parlé. 6 Une voix dit: Crie ! -Et il répond: Que crierai -je? Toute chair est comme l’herbe, Et tout son éclat comme la fleur des champs. 7 L’herbe sèche, la fleur tombe, Quand le vent de l’Éternel souffle dessus. -Certainement le peuple est comme l’herbe: 8 L’herbe sèche, la fleur tombe; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. 9 Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle; Élève avec force ta voix, Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle; Élève ta voix, ne crains point, Dis aux villes de Juda: Voici votre Dieu !

Chers frères et sœurs, la période de l’avent peut-elle être autre chose que la culte de la trinité « ouverture quotidienne du calendrier de l’avent, élaboration du menu de Noël et composition de la symphonie des cadeaux » ?

L’avent, est la période qui prépare l’advenue du Christ. Or, pour que Dieu s’incarne effectivement dans notre histoire, encore faut-il que nous lui laissions la place pour prendre chair. De ce fait, l’avent est le travail auquel nous prenons part dans la perspective de Noël. Au regard du texte du prophète Ésaïe qui sera repris par Jésus, selon l’évangéliste Luc (3/2-6), et qui explicite la dynamique de Noël, l’avent consiste en un choc de simplification et un choc de facilitation. C’est cela la spiritualité de l’avent

  1. Choc de simplification

La première mesure à prendre est de préparer le chemin de l’Eternel. Pour être au plus près du texte hébreu, il est question de panah « tourner » le chemin. Il s’agit de bouger le chemin qui mène à Dieu. Quand on regarde la suite des recommandations, à savoir aplanir, niveler, on comprend que « tourner le chemin » consiste à effectuer les changements nécessaires pour le détordre, pour le rendre droit. La voix qui crie dans le désert demande qu’on intervienne sur le chemin qui mène à Dieu pour limiter les tours et les détours. Il faut tordre ce qui est tordu pour le rendre plus droit, plus direct. Il faut simplifier le chemin de l’Éternel.

A. Limiter les intermédiaires

Il est courant de dire que la simplicité est une caractéristique de l’Évangile, mais nous avons une fâcheuse tendance à tout compliquer. Le christianisme a eu le chic de compliquer à outrance la relation à Dieu, d’en faire un véritable parcours du combattant. On se rappelle le fameux mot d’Alfred Loisy, prêtre au tournant du XIXe et du XXe qui avait dit : « Jésus a prêché le Royaume, et c’est l’Église qui est venue ». Pour lui c’était fantastique. L’Église étant l’émanation directe de l’Évangile, il n’y avait pas mieux à espérer. Mais, du point de vue protestant, cette affirmation de Loisy est atroce. Nous y entendons le drame d’une Eglise qui prend la place du Royaume, qui vient s’intercaler entre Dieu et chaque être humain. Cela créer le début d’un mille-feuille ecclésial

Oui, l’Église a sa raison d’être, mais elle est seconde. Les réformateurs du XVIe, puis les théologiens protestants qui se sont succédé, ont veillé à ce que l’Eglise ne fasse pas écran entre Dieu et les croyants. Car l’Église a la fâcheuse tendance de se rendre indispensable et d’élaborer un arsenal de dispositifs qui constituent autant d’obstacles à franchir pour être dans l’intimité de Dieu.

Le prophète se fait l’écho de l’appel à la simplification. Dieu a l’initiative de la rencontre. L’amour de Dieu est premier. Il n’est pas la conséquence d’une validation d’unités de valeurs religieuses qui autoriseraient l’accès à la providence divine.

B. Limiter les accessoires, ce qui est accessoire

À nous, donc, de détordre ce qui a été tordu par des années de pratiques religieuse qui ont déposé des strates de tradition qui n’ont plus qu’un rapport très éloigné avec la spiritualité incarnée par Jésus. Les temples ont été le signe éclatant de cet esprit de simplicité qui a présidé lors de la Réforme protestante.

Des murs nus pour ne pas distraire. Des vitres sans motifs et sans couleurs pour ne pas estomper la lumière du soleil. Aussi peu d’objets et de gestes que possibles, pour ne pas détourner de la parole, cette parole qui est au cœur de la foi chrétienne, cette parole dont Ésaïe rappelle qu’elle subsiste au milieu de nos fragilités, de notre vulnérabilité semblable à l’herbe des champs. C’est la parole, simplement la parole, qui nous rend humains. Ce ne sont ni les grigris, ni les institutions, mais la parole qui fonde notre identité et notre dignité.

De la simplicité en toutes choses. C’est le premier mot d’ordre de l’Avent. Simplicité dans les relations humaines, qui consiste à parler directement à celui à qui ont veut faire passer un message, au lieu de faire des billards à trois bandes. Simplicité dans l’accueil qui consiste à dire à chacun qu’il est le bienvenu, que la grâce et la paix sont pour lui, aussi, sans qu’il ait à se justifier de quoi que ce soit. Ne pas conditionner la grâce de Dieu à la connaissance préalable d’un catéchisme. De même, ne pas réserver la grâce aux seuls initiés. Mais limiter les étapes d’intégration contrairement aux groupes sectaires qui multiplient les démarches à accomplir. Simplifier les démarches pour ne pas faire dépendre les gens du bon vouloir de ceux qui dirigent l’institution. Simplifier pour libérer des complications.

Que pouvons-nous simplifier dans notre vie d’Église, dans notre piété personnelle, dans notre vie quotidienne, dans notre société, pour que nous ne soyons pas à distance de ce qui est essentiel pour notre vie ?

  1. Choc de facilitation

Le deuxième aspect de l’advenue de Dieu dans notre vie consiste en un choc de facilitation. Niveler la route pour notre Dieu, changer les reliefs en terrain plat, c’est faciliter le cheminement. Rendre Dieu présent se fait aussi en levant les difficultés.

Il y a cette vieille idée selon laquelle il faut souffrir pour être belle. Il faudrait aussi se conformer aux souffrances du Christ. Mais où est-il donc écrit que l’advenue du Christ dans notre vie se ferait de façon privilégiée dans les champs de ronces ou à grands renforts de malheurs ? Tout cela n’est que logique perverse qui consiste à inscrire la douleur et le malheur dans l’esprit des gens pour les assommer, les abrutir et les asservir. Avec Ésaïe, qui sera repris par Jésus, il est tout au contraire question de rendre plus facile l’accès à Dieu. Ajoutons aussi que le signe de la grâce dans notre vie, ce n’est ni le malheur, ni la charge mentale, encore moins l’agonie, mais la joie. Que votre joie soit portée à la plénitude, dira Jésus à ses disciples lors du dernier repas.

A. Un langage clair

Cette simplification peut se concrétiser de plusieurs manières. Déjà par le langage, en évitant les mots incompréhensibles, les formules alambiquées qui créent des écrans de fumée plus qu’elles ne révèlent Dieu présent parmi nous. En évitant aussi les formules toutes faites, auxquelles on ne réfléchit plus et qui sont peut-être tout simplement fausses sur le plan théologique.

On ne peut pas s’orienter correctement dans la vie quand les consignes sont difficiles à comprendre. Il nous appartient de réduire les difficultés de tous ordres pour que personne ne soit empêché d’accueillir ou de reconnaître Dieu. Interdit de se cacher derrière le « il est grand le mystère de la foi ».

B. L’Église fournisseuse de solutions

Ensuite, faciliter la vie des gens, c’est aussi aller au-devant de leurs questions, de leurs soucis, de leurs besoins. La démarche que le prophète nous demande d’engager consiste à être proactif, à agir en faveur des personnes, pour leur faciliter la vie. Ne pas attendre qu’elles nous interrogent pour leur expliquer nos modes de fonctionnement, nos codes implicites. Nous sommes là pour aplanir les difficultés, pour rendre le cheminement de la foi moins escarpé. Nous ne sommes pas en Église pour piéger les gens, pour les mettre en situation d’échec, mais pour leur faciliter la vie, pour leur faire gagner de l’énergie. L’Église est là pour fournir des solutions, pas des problèmes. Nous sommes suffisamment fragiles comme cela pour ne pas rajouter des difficultés à ce que nous connaissons au quotidien.

Que nous est-il possible de faciliter autour de nous pour que les gens aient moins de mal à connaître l’Évangile et à pouvoir en vivre ? Que nous est-il possible de faire pour faciliter la vie des gens, ce qui leur permettra de ne pas s’épuiser à de tâches pour lesquelles ils ne sont que peu qualifiés ?

Frères et sœurs, la mission de l’Église consiste à faire en sorte que nul ne soit en situation de dire qu’il n’a pas fait quelque chose parce que c’était compliqué ou parce que c’était difficile. L’avent c’est un choc de simplification qui nous fait gagner du temps et c’est un choc de facilitation qui nous fait gagner de l’énergie. Il y a là une véritable spiritualité chrétienne faite de simplification et de facilitation. L’avent consiste à préparer l’advenue de Dieu en simplifiant sa venue et en facilitant sa présence. C’est notre grande responsabilité pour que Noël soit une réalité bien incarnée dans notre monde.

Amen

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