Le 3 novembre a été déclarée « journée mondiale de la gentillesse ». À cette occasion Frédéric Mayet, pour le Midi Libre, a rassemblé différents témoignages de montpelliérains qui s’expriment au sujet de la gentillesse.
La gentillesse n’est pas une vertu chrétienne. Il n’en est pas question dans les textes bibliques – et je précise dans l’article que Jésus n’a pas été spécialement gentil. D’ailleurs, quelqu’un qui chercherait « gentil » dans la Bible trouverait un mot qui désigne les non-juifs, les gentils étant les gens, les autres… et pas la caractéristique d’une personne chez laquelle il n’y a pas de méchanceté.
Il semble difficile de pouvoir dire quelque chose de négatif sur la gentillesse alors que beaucoup de personnes souffrent de tensions et de violence contre lesquelles la gentillesse semble être le remède. Pourtant, nous pouvons repérer la limite de la gentillesse ou son insuffisance en constatant qu’elle ne règle pas les problèmes en profondeur ; la gentillesse est la forme que prend notre relation aux autres, en conséquence de quoi elle reste superficielle – ce qui n’est pas à négliger car cela peut être une première étape vers une paix profonde.
L’amour favorise l’autonomie des personnes
Je dirais que la gentillesse relève de la morale, l’amour relève de l’éthique. La gentillesse permet d’éviter les conflits. Elle favorise des relations apaisées. Elle relève de la politesse, de l’accommodement entre personnes vivant ensemble. C’est de la diplomatie.
L’amour, au sens de l’agapè, l’amour inconditionnel, ne se contente pas d’éviter les conflits. L’amour dont parle la théologie est un amour qui tisse des relations interpersonnelles qui favorisent l’épanouissement de chacun.
Illustrons cela par un geste que chacun s’accordera à reconnaître comme gentil : donner un repas à une personne en situation de nécessité. C’est gentil. Et si nous le faisons plusieurs fois, c’est très gentil. Mais ce peut être pervers, également, car nous mettons la personne aidée en situation de dépendance. Être gentil ne suffit pas. Il faut aimer. Aimer, c’est rendre l’autre autonome ; ici, sur le plan matériel, cela reviendra à lui enseigner à subvenir à ses besoins. Ailleurs il s’agira de subvenir à ses besoins sur le plan intellectuel, sur le plan affectif… Aimer c’est donc bien autre chose que de la gentillesse : c’est se préoccuper des besoins fondamentaux de la personne rencontrée dans la perspective de la rendre libre.
Les besoins fondamentaux d’une personne, c’est notamment la reconnaissance : reconnaître l’autre comme un semblable, c‘est bien autre chose que de la gentillesse. Jésus n’était pas gentil, il aimait les personnes qu’il croisait. C’est la raison pour laquelle Jésus n’hésite pas à dire leurs quatre vérités aux responsables qui exerce une domination sur le gens, aux disciples qui ne font pas suffisamment confiance, aux idéologues qui écrasent les chercheurs de vérité. Et même quand il dit au paralytique « lève-toi, prends ton grabat et marche », ce n’est pas gentil, mais c’est respectueux de cette personne qui est bien plus capable de vivre qu’elle ne l’imaginait. Secouer la représentation que quelqu’un a de lui-même n’est pas très gentil, mais ce peut être un acte d’amour indispensable pour que cette personne se libère des carcans dans lesquelles elle survit.
Trop souvent il règne un parfum d’hypocrisie autour de la gentillesse et des bons sentiments qui l’accompagnent. C’est en ce sens que la gentillesse peut nous mettre en difficulté. L’amour, pour sa part, s’efforce de proposer à l’autre ce qui lui permettra de faire grandir son humanité.
Bref, soyons gentils, à la condition d’aimer notre prochain.
Non à la gentillesse.
Non à la gentillesse dans l’entreprise, oui à l’assertivité.
Nous célébrons aujourd’hui la troisième Journée de la gentillesse au travail.
L’initiative pour combattre le stress et la souffrance en entreprise mérite d’être soulignée, mais est-elle la bonne réponse au véritable problème : « Comment mieux travailler ensemble ? »
A y regarder de près, l’entreprise apparaît comme le lieu de tous les affrontements, du choc des pouvoirs et des égos. Embauchée conformément à une fiche de poste précise, chaque personne a tendance à s’attribuer des tâches en harmonie avec ses compétences et ses intérêts, et à rejeter sur les autres celles considérées moins nobles à ses yeux. Très vite, et s’amplifiant au cours des années, la situation reflète les rapports de force : l’un fait de l’ombre à l’autre, Dupont prend le leadership sur Durand, la fonction marketing prend le pas sur la fonction commerciale… Et tout ce petit monde s’accommode tant bien que mal de cette situation.
En quoi la gentillesse va-t-elle réduire les tensions entre les uns et les autres ? Comment les frustrations seront-elles compensées ?
Je crois plus volontiers à un organigramme reflétant exactement les responsabilités et les pouvoirs de chacun.
Je crois à des fiches de postes rédigées par les intéressés et validées par leur N+1.
Je crois à des règles du jeu issues de la base, et que chacun respecte et vit en bonne intelligence.
Je crois au respect de l’autre, à sa reconnaissance.
Je crois à la « place » que tout un chacun doit chercher et trouver.
Je crois en des cadres dirigeants qui dirigent vraiment, qui font respecter des procédures avec intelligence et tact relationnel.
Je crois en des collaborateurs associés à un projet impliquant, en harmonie entre contribution et rétribution.
Je crois, tout simplement, au respect de la relation contractuelle où chacun dit ce qu’il a à dire, où chacun est assertif.