Chers amis, nous allons nous mettre à l’écoute de ce que nous a dit Jésus, lorsqu’il était sur une colline de Galilée, entouré de ses disciples et qu’ils leur enseignait ce qu’il estimait essentiel pour mener une vie bonne. Aujourd’hui, nous allons entendre quelques versets de ce que nous appelons « le sermon sur la montagne ». C’est au chapitre 6 de l’Evangile selon Matthieu, aux versets à 1 à 4.
1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. 2 Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. 3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, 4 afin que ton aumône se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Par ces paroles, Jésus nous met en garde. Jésus nous rend attentifs à une manière de vivre qui ne correspond pas du tout à la perspective de l’Evangile et qui consiste à pratiquer la justice pour se faire bien voir. Jésus prend l’exemple de l’aumône, quand nous aidons quelqu’un, quand nous lui rendons service. Si nous le faisons pour recevoir des compliments, pour qu’on dise de nous que nous sommes quelqu’un de bien, alors c’est raté. Ce n’est pas du tout ce à quoi Dieu nous appelle.
Notre vocation, c’est d’agir par grâce seule, sans chercher à obtenir quelque chose en échange. Si le mot agapè n’est pas explicitement dit dans ce passage, c’est pourtant de cela dont il est question dans l’esprit de Jésus. Nous sommes appelés à nous laisser guider par l’amour-agapè, c’est-à-dire l’amour qui offre à l’autre ce dont il a besoin pour vivre, pour s’épanouir sans calculer ce que cela pourrait nous rapporter. Cela correspond d’ailleurs à ce que l’apôtre Paul écrira aux Corinthiens : quand je distribuerais ma fortune aux affamés, si je n’ai pas l’agapè, cela ne me sert à rien ; ce qu’on en retire, c’est un peu de gloriole, quelques honneurs passagers, pas grand-chose au regard de l’Eternel. Si nous voulons agir de manière juste, alors mieux vaut éviter les petits calculs qui limiteront notre capacité à aimer, qui limiteront les effets de notre générosité. Si notre main gauche estime qu’il faut encore ajouter une couche de générosité, il ne faut pas qu’elle se sente empêchée au prétexte que la main droite a déjà donné et que nous avons déjà été félicité pour notre geste.
L’amour est une activité infinie. Nous n’en finissons jamais d’aimer, de chérir, de prendre soin, car la vie n’en finit jamais de pouvoir gagner en qualité ; les relations humaines n’en finissent jamais de pouvoir être plus réjouissantes ; nos engagements n’en finissent jamais de pouvoir être plus intenses.
Ce qui est juste ne se mesure pas à l’aune des compliments qu’on peut nous faire. L’Homme n’est vraiment pas la mesure de l’Homme. C’est au regard de l’Eternel que notre justice trouve sa bonne dimension, son bon horizon : l’infini. Aimons donc d’un amour infini, aujourd’hui et les jours à venir.