Conférence sur l’avenir de la démocratie, donnée dans le cadre des Entretiens de Robinson 2025
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La liberté et les premiers rois d’Israël, au Cerf.
Résumé de la conférence
Introduction
La théologie est à la fois descriptive et prescriptive. Elle met en lumière les dynamiques profondes qui traversent notre société et offre des repères éthiques pour orienter nos choix. Toutefois, elle n’est pas prédictive et ne peut pas dire quel sera l’avenir de la démocratie. Elle permet néanmoins d’identifier les menaces qui la guettent et les facteurs qui peuvent la renforcer.
- La démocratie, une construction fragile
Les textes bibliques ne proposent pas un système politique figé, mais ils offrent une vision de l’homme et de la société fondée sur l’égalité et la justice. Si le mot « démocratie » est absent des Écritures, on y trouve pourtant des structures participatives et une mise en garde contre les abus du pouvoir. Les premières formes de gouvernance collective apparaissent en Mésopotamie, où une assemblée d’hommes libres confiait la gestion des affaires publiques à des anciens. Cette tradition se retrouve dans la Bible, où la pluralité et la responsabilité collective sont valorisées.
La démocratie repose sur deux piliers fondamentaux : l’égalité et la pluralité. Paul, dans l’épître aux Galates, insiste sur l’égale dignité de tous les êtres humains. L’écriture biblique témoigne de la diversité des points de vue et institue le débat comme un élément structurant de la vie en société. D’un point de vue théologique, la démocratie est une anthropologie (une vision de l’humanité) plutôt qu’un régime politique spécifique.
- Les menaces pesant sur la démocratie
Les textes bibliques identifient plusieurs dangers :
- La corruption : Loin d’être un simple dysfonctionnement, elle pervertit le droit, falsifie la vérité, détourne les institutions de leur mission et, finalement, pousse les citoyens à réclamer un pouvoir fort et autoritaire.
- L’injustice : Lorsqu’elle se généralise, elle engendre un sentiment d’impuissance et favorise l’émergence de régimes oppressifs.
- Le sentiment d’insécurité : Les menaces internes et extérieures provoquent une angoisse qui appelle spontanément des mesures d’exception. Celles-ci favorisent le recul de l’État de droit.
- L’abandon de la responsabilité individuelle : La servitude volontaire, analysée par La Boétie, montre que le renoncement à la vigilance citoyenne, la résignation et la paresse ouvrent la voie aux régimes autoritaires.
- Les facteurs propices à une démocratie
Pour préserver la démocratie, plusieurs paramètres doivent être garantis :
- La liberté : Elle est le socle d’une société démocratique. C’est la première valeur qui doit être satisfaite avant de s’intéresser aux suivantes.
- L’éducation : Elle permet de former des citoyens conscients et capables de juger les discours et les décisions politiques avec discernement.
- La loi : Plus qu’un simple cadre juridique, elle est un instrument de justice et d’organisation sociale qui évite l’arbitraire des décisions – le régime des personnes.
- La séparation et la distribution des pouvoirs : Les textes bibliques, en particulier Deutéronome 16-18, illustrent déjà l’importance de la répartition des responsabilités entre différentes instances. Ils instituent déjà la figure de l’opposition à travers le personnage Shimeï, dans 2 Samuel et 1 Rois.
- L’individu comme acteur de la démocratie : La Bible met l’accent sur la responsabilité individuelle, qui permet d’éviter les dérives d’une souveraineté populaire incontrôlée.
- Dieu : Les rédacteurs bibliques ne vont pas dans le sens d’une théocratie, mais d’une théonomie. Dieu est une instance de relativisation des ambitions partisanes, qui se concrétise par une exigence de justice qui vise l’universel et neutralise le favoritisme. Dieu fait se lever des individus responsables et noue des alliances qui favorisent cette responsabilité humaine en suscitant une compréhension les liens de causalité qui éduque des être rationnels.
Conclusion
Dieu ne sauve pas la démocratie par une intervention miraculeuse, mais par l’engagement de ceux qui défendent la justice et la liberté. Cet engagement se nourrit de ce que Dieu désigne : la liberté en tête des valeurs de référence, le caractère inconditionnel de la dignité et donc l’égalité de tous devant la loi, la transcendance des intérêts particuliers en une perspective universelle. La démocratie exige une vigilance constante et un attachement aux principes qui garantissent une société équilibrée dont l’opposition est à la fois une composante essentielle et un baromètre. Elle repose sur la volonté collective de préserver un modèle où l’égalité et la pluralité ne sont pas des concepts abstraits, mais des réalités vécues au quotidien.
Pour compléter, aller plus loin
1 Samuel 8 – étude biblique en cliquant sur le lien, avec une traduction améliorée et un commentaire de ce passage
1 Samuel 8/1 – 22 1 Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël. 2 Son fils premier-né se nommait Joël, et le second Abija. Ils étaient juges à Beer-Schéba. 3 Les fils de Samuel ne marchèrent point sur ses traces. Ils se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice. 4 Tous les anciens d’Israël s’assemblèrent, et vinrent auprès de Samuel à Rama. 5 Ils lui dirent: Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent point sur tes traces. Maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations.
6 Samuel vit avec déplaisir qu’ils disaient: Donne-nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l’Éternel. 7 L’Éternel dit à Samuel: Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira. Car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. 8 Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à ce jour; ils m’ont abandonné, pour servir d’autres dieux. 9 Écoute donc leur voix. Mais donne-leur des avertissements, et fais-leur connaître le droit du roi qui régnera sur eux.
10 Samuel rapporta toutes les paroles de l’Éternel au peuple qui lui demandait un roi. 11 Il dit: Voici quel sera le droit du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils, et il les mettra sur ses chars et parmi ses cavaliers, afin qu’ils courent devant son char. 12 Il s’en fera des chefs de mille et des chefs de cinquante. Et il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l’attirail de ses chars.
13 Il prendra vos filles, pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. 14 Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers, et la donnera à ses serviteurs. 15 Il prendra la dîme du produit de vos semences et de vos vignes, et la donnera à ses serviteurs. 16 Il prendra vos serviteurs et vos servantes, vos meilleurs bœufs et vos ânes, et s’en servira pour ses travaux. 17 Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous-mêmes serez ses esclaves. 18 Alors vous crierez contre votre roi que vous vous serez choisi, mais l’Éternel ne vous exaucera point.
19 Le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. Non ! Dirent-ils, mais il y aura un roi sur nous. 20 Et nous aussi nous serons comme toutes les nations; notre roi nous jugera il marchera à notre tête et conduira nos guerres. 21 Samuel, après avoir entendu toutes les paroles du peuple, les redit aux oreilles de l’Éternel. 22 Et l’Éternel dit à Samuel: Écoute leur voix, et établis un roi sur eux. Et Samuel dit aux hommes d’Israël: Allez -vous-en chacun dans sa ville.
Traduction Louis Segond
Le droit du roi
1 Samuel 8 est à mettre en tension avec Deutéronome 17. Vous trouverez une étude biblique qui permet de voir de quelle manière la fonction royale a été repensée après l’exil.
Décalogue
La première parole du décalogue est :
Exode 20/2 « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. »
Vous pouvez retrouver une étude biblique sur ce passage
Trois morts sur ordonnance
Sur l’opposition qui peut être non seulement malmenée, mais liquidée, une autre étude biblique sur l’attitude de Salomon au début du premier livre des Rois.
Théocratie, théonomie
Une autre étude biblique sur 1 Samuel 12 souligne le regard critique de la rédaction biblique après l’exil à Babylone
et pour se mettre en tête la topographie du Proche Orien Ancien. Sur cette carte, le « croissant fertile » qui est repéré en rouge correspond au parcours d’Abraham