La réconciliation n’est pas que dans les contes

Allocution à l’occasion du concert de la paix donné le 11 novembre 2018 au temple de la rue de Maguelone

Monsieur le Préfet,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs,

Il y a cent ans, la haine de l’autre était jugulée. L’armistice mettait fin à l’amoncellement quotidien des victimes du premier conflit mondial. Pour autant, l’histoire montre que le 11 novembre 1918 n’ouvrait qu’une parenthèse qui allait se refermer une vingtaine d’années plus tard, pour laisser la haine ravager à nouveau notre continent et bien au-delà.

Cent ans après, la situation a bien changé entre Allemands et Français. Ainsi, ce matin, ici même dans ce temple, un professeur de théologie, français, présida le culte en compagnie d’étudiants allemands. La cène fut célébrée, ce sacrement de la communion qui inscrit la possibilité de la fraternité dans le corps de chaque personne. Ce fut une manière de dire que ce qui nous oppose peut être transcendé. Cela ne vaut pas seulement dans un édifice religieux.

Aujourd’hui encore, des oppositions violentes traversent le monde, et notre société française notamment. Nous pouvons nous soumettre à la volonté de certains de nous engager tous dans un choc des cultures, dans une guerre de civilisations. Nous pouvons aussi tirer une leçon de fraternité de l’histoire franco-allemande et nous engager dans des actions, dans des politiques, qui permettent de reconnaître un frère, une sœur, dans la personne qui s’approche de nous et qui peut nous sembler bien étrangère voire hostile à première vue. Il n’y a nul angélisme dans cette histoire, mais une promesse qu’il nous est possible de réactiver dans notre quotidien, aussi fratricide soit-il. La maison de Heidelberg, située au cœur de notre ville, exprime bien que le jumelage de Montpellier avec Heidelberg n’est pas une amitié de façade. Elle est le symbole que nous pouvons faire mieux que tolérer poliment la présence de ceux qui vivent à côté de nous, ce qui n’est déjà pas si mal. Nous pouvons par exemple libérer chacun des vilaines étiquettes qui lui collent à la peau. Nous pouvons refuser d’être les complices silencieux de ceux qui colportent en toute tranquillité leur mépris pour les uns ou pour les autres, au prétexte qu’ils sont homosexuels, qu’ils sont juifs, qu’ils sont étrangers, que ce sont des patrons, des femmes, des responsables politiques…

Pour nous, ce 11 novembre, il ne s’agissait pas seulement de commémorer l’armistice. Il s’agit aussi de nous engager en faveur d’une société vraiment fraternelle. C’est le sens de ce concert de la paix dont nous allons pouvoir profiter grâce aux chœurs de Heidelberg et au travail d’organisation de la directrice de la maison de Heidelberg, Nadine Gruner, à qui je cède maintenant la parole.

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