A la suite de Jésus, belle et bonne année à tous


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Luc 4/14-22
4 Jésus s’en retourna en Galilée, dans la puissance de l’Esprit ; et sa renommée se répandit par tout le pays d’alentour.  15 Et lui-même enseignait dans leurs synagogues, étant glorifié par tous.  16 Et il vint à Nazareth où il avait été élevé ; et il entra dans la synagogue au jour du sabbat, selon sa coutume, et se leva pour lire.  17 Et on lui donna le livre du prophète Ésaïe; et ayant déployé le livre, il trouva le passage où il était écrit :  18 « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres ;  19 il m’a envoyé pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l’an agréable du Seigneur ».  20 Et ayant ployé le livre, et l’ayant rendu à celui qui était de service, il s’assit ; et les yeux de tous ceux qui étaient dans la synagogue étaient arrêtés sur lui.  21 Et il se mit à leur dire: Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant.  22 Et tous lui rendaient témoignage, et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient : Celui-ci n’est-il pas le fils de Joseph?

Chers frères et sœurs, avec Jésus, je souhaite à tous une belle et bonne année ! Voilà comment je traduis la proclamation d’une année de grâce qui retentit dans la synagogue. Cet épisode biblique expose d’une manière très simple, sans théoriser, ce qu’est la grâce qu’annonce Jésus et qui vous est offerte aujourd’hui.

  1. Belle

Une belle année, c’est ce que manifeste Jésus par sa prédication, par sa manière d’être. En effet, la première réaction est l’admiration des auditeurs. Dans le texte grec, le verbe thaumazo indique l’admiration et l’étonnement.

L’étonnement vient du fait que les auditeurs ne s’attendaient pas à ce que le fils de Joseph soit capable de les émouvoir de la sorte. Comment se fait-il que le fils de Joseph, ce fils de charpentier, soit capable de les troubler, de les étonner, de susciter leur admiration voire leur émerveillement ? Nous ne pouvons pas le savoir dans le détail, mais c’est cela que provoque la grâce dont notre langue a conservé la trace lorsqu’elle utilise le mot « grâce » pour désigner la beauté, l’élégance, l’absence de vulgarité. Les paroles de grâce provoquent l’étonnement, l’admiration. Voilà ce que je nous souhaite : que nous soyons capables, tout au long de cette année, de susciter l’étonnement, l’émerveillement. Puissions-nous être capables de transpirer de la grâce divine de telle sorte que les personnes que nous croiserons soient chamboulées positivement.

Peut-être avons-nous le sentiment que ce n’est pas de notre ressort, que c’est hors de notre portée, que nous n’en sommes pas capables ? Il n’est pas impossible que Jésus ne se considérait pas spécialement capable non plus et pourtant, il a eu de l’effet sur les personnes à qui il parlait. Cela s’explique par le fait qu’il n’a pas retenu la grâce pour lui-même. Il n’a pas considéré comme un privilège à garder jalousement la beauté de la vie dont il était témoin. Il en a fait profiter son entourage. Il a dit, d’une manière très simple, la beauté de la création, la beauté de tous ces gestes qui restaurent la vie, qui la rendent non seulement plus supportable, mais plus authentique. La consolation est possible, échapper à la pauvreté est possible, la liberté est possible, pouvoir regarder la vie en face est possible. Voilà ce que dit Jésus. Voilà le genre de vie qu’il observe et dont il partage le spectacle. Aujourd’hui (pas hier) tout cela est accompli. Tout cela est possible. Tout cela est à portée de main.

Notre regard n’a plus besoin de s’abîmer sur les vilenies ou les horreurs. Nous pouvons nous laisser captiver par la beauté et décider d’en faire une part essentielle de notre vie. Il n’est pas sûr que la beauté sauvera le monde, mais lorsque nous ne faisons pas obstacle à la grâce, nous sauvons le monde de la laideur, de l’avilissement, de ce qui défigure l’humanité. Et nous retrouvons l’élégance, le charme, la légèreté parfois, d’une vie quotidienne qui donne envie. Laisser chaque aspect de notre vie quotidienne être marqué du sceau de la grâce, c’est opter pour un art de vivre qui ne laissera personne indifférent. Que cette année soit de toute beauté.

  1. Bonne

Il découle de cette attitude intérieure qui consiste à être poreux à la grâce, une noblesse de cœur qui s’exprime par la bonté. Tout ce que contient le texte d’Esaïe cité par Jésus relève de la bonté, de la générosité. Il est question de prendre soin, d’être bienveillant, de servir, d’aider, toutes choses qui relèvent de la grâce. La grâce est un souci de l’autre, une irrésistible inquiétude pour autrui. Guérir les cœurs brisés, sortir les pauvres de leur ghetto, permettre d’ouvrir les yeux sur notre monde, libérer ceux qui sont prisonniers – quelque nom que porte leur captivité… c’est offrir à autrui ce qui lui est nécessaire pour vivre. Non pas seulement survivre, mais vivre, exister.

Une année de grâce, c’est une année où l’on fait du bien. C’est une année où l’on ne se retient pas de porter secours. C’est une année où l’entraide s’incarne sous toutes les formes que nous inspire l’esprit de Dieu, c’est-à-dire l’esprit qui ne cherche pas à enfouir ses talents de peur de les perdre. Le monde a tellement besoin d’entraide. Des jeunes ont besoin d’aide pour s’orienter. Des étudiants ont besoin d’aide pour étudier dans de bonnes conditions. Des adultes ont besoin d’espérance pour ne pas se décourager des échecs. Des familles ont besoin de paroles qui donnent du sens à ce qu’elles affrontent. D’autres ont besoin d’être rassurés sur leur dignité, sur leur valeur ou leur identité. D’autres encore ont besoin d’aide pour les gestes les plus simples de la vie quotidienne. Et tout le monde a besoin d’affection. Tout le monde a besoin d’être aimé, reconnu. Tout le monde a besoin d’entendre qu’il a bien sa place dans la communauté humaine.

Aujourd’hui, il est possible d’accomplir tout cela, dit Jésus et bien plus. Il est possible de nourrir les corps, de fournir du travail à ceux qui n’en ont pas, d’améliorer les conditions de vie des plus modestes, de raviver l’espérance de ceux qui ne croient plus en rien, qui n’y croient plus tout court. Aujourd’hui, dit Jésus, commence une année où il est possible de ne laisser personne sur le bord du chemin ; une année où il est possible d’aider chacun à exercer ses responsabilités d’être humain ; une année où il est possible de transcender les dépendances en occasions de tisser des relations humaines. Tout cela n’attend pas que des institutions s’en chargent. Tout cela n’attend pas que l’Etat fasse office de messie. D’ailleurs, le messie lui-même, n’opère pas l’ensemble de ce qui est annoncé dans ce passage biblique. Jésus n’a pas réglé tous les problèmes du monde ni même des contrées qu’il a traversées. En revanche, le messie indique qu’il n’est pas nécessaire d’attendre des lendemains qui chantent pour faire du bien autour de soi.

D’ores et déjà, il est possible de pratiquer le bien absolu et, ainsi, de changer la face du monde. « Tout nous est donné, tout est à faire » pour reprendre le titre d’un ouvrage d’éthique. Voilà bien ce qu’est la grâce : le don qui nous est fait de pouvoir agir, de pouvoir entreprendre, de pouvoir apporter notre contribution, même modeste, à la grande œuvre bienfaisante inaugurée par les témoins bibliques et portée à son apogée par le messie Jésus, celui qui a reçu l’onction, celui qui est pleinement réceptif à l’espérance divine, celui qui ne retient pas pour lui le divin amour qu’il reçut.

  1. Pour tous

Ajoutons que la grâce est inconditionnelle, ce qui signifie qu’elle est sans condition et sans limite. Tout le monde peut bénéficier de cette année belle et bonne. Tout le monde peut éprouver l’étonnement de la beauté et le soulagement de la bonté. Il n’y a pas d’un côté les aveugles chrétiens et de l’autre les aveugles qui ne le seraient pas. Tous ont part égale à la grâce. Il n’y a pas d’un côté les pauvres protestants et de l’autre les pauvres qui ne le seraient pas. Tous ont part égale à la grâce. Et ainsi de suite.

De même qu’il n’y a aucune condition posée par Jésus pour venir à la table de communion, à la cène qui célèbre la grande fraternité à laquelle il nous appelle, il n’est nullement demandé de présenter des lettres de noblesse pour bénéficier des bons soins dont nous sommes capables. Les lettres de noblesse sont offertes à tous, par grâce seule, de manière surabondante, indépendamment de nos pensées, de nos paroles ou de nos actes, indépendamment de nos affiliations ou de nos non-affiliations.

Dans une certaine mesure, la grâce est aveugle. Elle est aveugle quand il s’agit de dire qui a droit à la beauté, qui a droit à la bonté. En revanche, elle cesse d’être aveugle quand il s’agit de proférer les bons soins à chacun car, à ce moment, il convient d’offrir ce qui est nécessaire et non ce dont nous n’avons pas besoin, ce qui ne nous coûterait pas, histoire d’avoir bonne conscience d’avoir fait quelque chose en faveur de notre prochain.

Aux captifs la délivrance, et non de l’alcool. Aux aveuglés les moyens d’y voir plus clair dans leur vie, et non un canapé. À ceux qui ont le cœur brisé, de la tendresse et non un écran de télévision. Aux inquiets la paix, et non une réduction d’impôts… La grâce est un soin adapté à la personne à qui ce soin est destiné. C’est un acte d’amour approprié à celui qui le reçoit et non une manière de se faire égoïstement plaisir. La grâce ne consiste pas, non plus, à se débarrasser à bon compte de notre superflu comme le font les personnages qui font leur offrande au temple de Jérusalem, mais à offrir ce qui est vital, comme le fait la veuve indigente avec ses deux petites pièces (Luc 21/1-4).

Dans la continuité de Jésus, je vous souhaite donc une année de grâce, c’est-à-dire une année belle et bonne pour tous.

Amen

2 commentaires

  1. « A la suite de Jėsus, belle et bonne annėe à tous » et vive le Revenu Maximum d’Insertion nous proclame le pasteur James Woody.
    Programme à contextualiser dans le cadre de la grâce en surabondance!

  2. Résolutions de début d année : outre « choisir la vie » avec Abigail Bissac, « publier la libération des captifs » plutôt qu en commémoration, comme une chose nouvelle avec James Woody. Les faiseurs de paix seront alors criés : « enfants de l Éternel.

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