La réforme protestante était-elle ouverte au monde ?

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Le plan et quelques citations : 

Introduction

 1er temps : L’abstention missionnaire des réformateurs

– Pour les réformateurs, la priorité n’est pas de porter l’Évangile au loin, mais de réformer l’Église en Europe.

– La connotation conquérante de la mission de l’Église catholique heurte la théologie tant de Luther que de Calvin.

– Les réformateurs ne se trouvent pas dans une situation politique internationale analogue à celle de la papauté.

 

2e temps : Le Réveil, comme « seconde Réforme » lance la mission protestante mondiale

– L’évolution de la situation politique internationale

– L’affaiblissement des missions catholiques

– La nouvelle doctrine missionnaire protestante

– Des principes missionnaires protestants ?

 1 – Le règne de Dieu

« Quoique occupés des besoins de leur propres églises, devant chercher, avant toute chose, à propager la pure religion de l’Évangile dans leur pays natal, les protestants de France ne négligent pas néanmoins de prendre une part sincère aux efforts par lesquels leur frères d’autres contrées, attachés aux différentes branches de la famille des chrétiens évangéliques, cherchent à propager la lumière de l’Évangile, et à étendre le règne de notre divin rédempteur[1]. »

2 – Le sacerdoce universel

« Sans parler des temps apostoliques et primitifs, c’est un fait incontestable que, chez toutes les nations où les chrétiens s’occupent des missions étrangères avec une activité si remarquable, les progrès d’une religion efficace et pure ont été plus rapides et plus universels que dans aucune autre période […] Que les protestants de France ne diffèrent pas plus longtemps de participer à cette œuvre sainte[2]. »

3 – Le salut des païens

« Tel est en effet, l’esprit du véritable christianisme ; repoussant toute vue étroite, tous les calculs de l’égoïsme et de la timidité, partout où il exerce une véritable influence, il inspire une tendre compassion pour l’ignorance et le malheur, un généreux intérêt pour les âmes immortelles, et de nobles sacrifices pour le salut des infortunés qui sont encore “assis dans les ténèbres de la mort”(Psaume 107)[3]. »

4 – La diffusion des Écritures

« C’est en raison du prix que nous mettons nous-mêmes aux inestimables trésors de l’Évangile, en raison de la vivacité avec laquelle nous sentons le besoin d’un Sauveur, et de la joie céleste qui fait naître en nous la participation aux bénédictions et aux triomphes de la Croix, que nos cœurs se dilatent en vœux ardents pour que tous nos frères participent avec nous à ces ineffables bienfaits, et nous brûlons de concourir aux efforts glorieux qui hâtent l’approche de ces temps fortunés où “tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu” (Ésaïe, 52,19)[4]. »

3e temps : La mission protestante, un héritage de la Réforme et du Réveil… pour quelle pertinence aujourd’hui ?

 

Mission en contexte Transformation Réconciliation Dynamisation

Texte de la Fédération luthérienne mondiale (FLM – 2006)

 

« Partout, dans le Nouveau Testament, on retrouve le thème du peuple de Dieu envoyé dans le monde pour annoncer l’avènement du règne bienveillant de Dieu en Christ, même si le terme “mission” n’est pas cité dans les Écritures. Depuis le XVIe siècle, les circonstances historiques ont fait que le concept de mission a été associé aux notions de conquête, de colonialisme, d’impérialisme culturel et religieux et à l’implantation du christianisme occidental sur tout le globe. Il faut espérer qu’une analyse des fondements théologiques de la mission […] permettra de jeter un peu de clarté sur les diverses conceptions de la mission et de la dégager des abus commis dans le passé. À travers les incertitudes de l’existence et les tribulations d’un monde violent, l’Église a appris à faire confiance à la révélation des Écritures selon laquelle le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu qui est présent dans le monde et qui agit par amour dans le monde et pour le monde. Dieu est en mission. En Jésus, Dieu est venu au “pays lointain”, a vécu et est mort avec le fils perdu afin de le ramener à la maison, avec toute la dignité des enfants de Dieu (Luc 15, 11-24). La mission du Dieu d’amour est une mission de miséricorde et de grâce, et non de mérite et de force. La grâce de Dieu qui triomphe des conséquences du péché – aliénation, mort et dépravation – s’étend, au-delà de l’individu, à tous les humains, à toute la création. La création de Dieu tout entière a été touchée par cette grâce et attend donc sa transformation (Romains 8, 22-23). La Trinité, “communauté d’envoi divin”, a créé un espace pour que l’Église prenne part à la mission de Dieu, soit envoyée, dynamisée et accompagnée par la grâce jusqu’aux “extrémités de la terre”. En recevant l’Église, avec toute sa fragilité humaine, dans la communion missionnelle divine (1 Corinthiens 1, 9), Dieu démontre la profondeur de son amour et la mesure de sa vulnérabilité. L’Église en mission fait référence à l’assemblée locale des fidèles dynamisé(e)s par la Parole de Dieu et les sacrements et conduit(e)s par le Saint-Esprit à participer à la mission de Dieu. L’Église s’étend dans l’espace pour inclure différents niveaux de communauté et de communion et différentes expressions. Elle s’étend également dans le temps pour inclure les générations précédentes et suivantes. L’Église en mission est le corps du Christ dans le monde ».

 

La Mission

Texte de la Communion Mondiale d’Églises réformées (CMER – 2017)

 

« Unies dans le Christ et enracinées dans les traditions historiques de la Réforme, la CMER et ses Églises membres sont convaincues que  la foi chrétienne, c’est la réponse à l’appel de Dieu qui nous demande de pourvoir aux besoins spirituels et de promouvoir la justice pour tous dans la transformation du monde à travers l’amour de Jésus Christ. La mission de Dieu (missio Dei) est le divin projet de restauration de toute la création par le Christ. Elle a un caractère communautaire, car Dieu est un Dieu communautaire. Cette mission est un processus dynamique par lequel le peuple de Dieu est appelé à participer à la mission divine. Par conséquent, l’engagement dans la mission de Dieu, c’est l’appel lancé par Dieu à l’Église toute entière en tant que communauté mondiale. L’Église ne se contente pas de participer, mais elle est également transformée par son engagement dans la mission divine. Alors que nos ancêtres envisageaient la mission comme un engagement vis-à-vis de ceux qui étaient géographiquement “éloignés”, nous comprenons la mission comme étant le franchissement de toutes les frontières et de toutes les barrières qui séparent les gens de Dieu, des uns et des autres et de la création, certains qu’en franchissant les frontières, l’Esprit rend la réconciliation possible à travers le Christ. C’est le message évangélique du salut par Jésus Christ que l’on doit partager aussi bien dans l’Église qu’avec les voisins, avec sensibilité, compréhension, humilité et un respect profond des personnes appartenant à d’autres confessions, systèmes de croyance ou contextes. Le principal lieu d’engagement missionnaire est la localité dans laquelle vivent les chrétiens, même si la mission s’effectue au sein d’un réseau mondial qui rassemble les chrétiens en tant qu’agents de justice, de réconciliation, de transformation et de rédemption. Nous devons nous repentir de toute forme de pratique missionnaire qui déresponsabilise et déshumanise. La mission, qui doit porter témoignage de la justice de Dieu et surmonter les erreurs du passé, exige des efforts délibérés et permanents afin de briser les liens historiques tenaces qui existent entre l’esclavage, le colonialisme et la mission chrétienne. La mission s’exerce en partenariat avec le Dieu trinitaire et entre les Églises, sachant qu’elle s’accomplit dans une société dominée aujourd’hui par le pluralisme religieux ».

 

Quelques mots de conclusion

[1] Circulaire de la Société des Missions évangéliques de Paris : « La Société des Missions évangéliques chez les peuples non chrétiens établie à Paris, aux chrétiens évangéliques de France », 1822, p. 2.

[2] Ibidem, p. 3.

[3] Ibidem, p. 2.

[4] Circulaire de 1822, op.cit., p. 2-3.

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